Une immense demeure royale et impériale bordée de sa forêt, le château de Fontainebleau est un lieu privilégié de vie familiale et de plaisirs pour les souverains français pendant plus de 800 ans. La prestigieuse ruine médiévale transformée en palais de Renaissance par François I est devenue sa « maison » favorite et une « nouvelle Rome ».
Source inépuisable d’inspiration artistique et berceau de la Renaissance française, le château de Fontainebleau est à la fois proche et assez éloigné de Paris pour nous séduire.
Il a accueilli 34 rois et 2 empereurs au cours de sa longue histoire.Tous ont voulu engager les meilleurs artistes de leur temps pour magnifier son architecture et sa décoration intérieure.
Tel des courtisans de la Renaissance ou les invités des séries impériales nous sommes amenés à vivre une expérience envoûtante où se mêlent contemplation, plaisir et détente.
Je vous propose de vivre cette immersion culturelle en suivant le fil d'or de l'histoire de l'art sur l’ensemble du parcours découverte, sur les pas de toutes les familles royales françaises, dans l’intimité des espaces privés et le faste des salons d’apparat.Baptême, mariage, meurtre, abdication, naissances ou des adieux, des cérémonies les plus solennels aux plus secrètes, la « vrai demeure des rois » a tant d’histoires encore à nous raconter.
Qui sont les rois qui ont vécu au château de Fontainebleau?
A l'époque médiévale, la maison royale a accueilli l'ensemble des souverains à partir de Louis VII dit "le Jeune" de la dynastie des capétiens. La charte royale du "palais de Fontainebleau" établie par le jeune roi, alors âgé de 17 ans, date de 1137.
L'origine de la fondation du château reste pourtant mystérieuse. Le premier édifice a probablement été construit sous le règne du père de Louis VII, Louis VI le Gros, voire sous celui de son grand-père, Philippe Ier, lorsqu'il réunit le Gâtinais au domaine royal français en 1068.
À la Noël 1191, Philippe II Auguste fête à Fontainebleau le retour de la troisième croisade en Palestine.
Louis IX ou Saint Louis, malade, y passe l'année 1239, où il fait le vœu de partir en Croisade lorsqu'il est guérit. Il revient en 1254 d’une expédition désastreuse en Égypte et en Terre Sainte, et décide de fonder ici le couvent des Trinitaires. Ces moines Trinitaires ou les "Mathurins" rachetaient et libéraient les prisonniers chrétiens en Méditerranée, soignaient les blessés.
Dans la forêt environnante, on venait pour chasser le loup, l'ourse et le sanglier.
Le passe-temps favori de nos rois était aussi un rituel, symbole de pouvoir et privilège royal.
Au XIV siècle, frappés par l'épidémie de la peste noire, les rois capétiens apprécient les séjours réguliers à Fontainebleau au cœur de la forêt riche en gibier, en bois de chauffage et de sources d'eau pure.
Selon la légende, c'est le nom d'une source dont l'eau était si belle et pure qu'on l'appelait "la Fontaine de la Belle Eau", est à l'origine du nom de la forêt, du château et de la ville de Fontainebleau.
La forêt de Bière, de son ancien nom, devient un gage de sécurité et de salubrité, à la fois proche et assez éloigné de Paris, pour abriter les jeunes enfants et les reines mères pendant leurs grossesses. Le palais médiéval avait vu la naissance, en 1268, du futur roi Philippe IV le Bel. C’est encore ici au premier étage du vieux donjon, que le « roi de fer » s'est éteint en 1314.
En 1323, la reine d’Angleterre, Isabelle de France, est venue à Fontainebleau pour rendre visite à son frère Charles IV le Bel, fils de Philippe le Bel. Ensuite Charles V y installe une bibliothèque, la première de l’histoire du château qui allait s'enrichir sans cesse.
La reine Isabeau de Bavière obtint de son époux Charles VI en 1404, « les forêts de Bière et les villes et lieux de Fontainebleau et de Moret ». Elle sera la première à emménager les étuves, dans ce lieu à jamais liée à la mythologie de l’eau et des sources, des nymphes et des dames au bain.
De retour de sa captivité à Madrid, François I décide en 1527 de transformer entièrement le vieux château en palais de Renaissance et entreprend de grands travaux d'agrandissements.
C'est dans cette "nouvelle Rome", décorée et magnifiée par les artistes italiens invités par le roi que va naître la Renaissance française, comme un courant artistique et une philosophie. C'est aux transformations opérées sous François I que nous devons la physionomie quelque peu chaotique du château que nous connaissons aujourd'hui.
Le chantier à la hauteur des ambitions de François I, n'était toujours pas terminé à sa mort en 1547, lorsque son fils lui succède. Henri II séjournera tout aussi régulièrement à Fontainebleau, en prolongeant les traditions par des nombreux banquets, tournois et parties de chasse, en nous laissant la magnifique salle de bal décorée par Francesco Primaticcio et Niccolo del'Abbate.
C’est dans cette « maison de légitimité » que sont nés six des enfants de Catherine de Médicis, dont les futurs François II en 1544 et Henri III en 1551.
À la mort d’Henri II en 1559, la reine Catherine de Médicis, surnommée la Veuve Noire, va témoigner à son tour de son goût pour les fêtes et les grandes réceptions, mais aussi les travaux et les transformations.
Elle fait entourer le château de douves et de ponts levis pour se prémunir des dangers des guerres de religions.
Le règne du jeune Charles IX sera ainsi marqué, jusqu’en 1570, par de derniers grands travaux de la fin de la Renaissance et l'achèvement de l'aile dit de Primatice, décoré avec les bronzes réalisés par le même artiste pour François I.
Le jeune Henri IV, encore protestant, avait connu le château de Fontainebleau à la cour de ses cousins Valois. Entamant son « règne pacifique » après l’apaisement des guerres de religion, le dernier des princes Valois et le premier roi Bourbon, s'approprie dès 1593, l’héritage le plus emblématique des vieux rois.
C'est à Fontainebleau qu'en 1601, il voit naître son fils héritier le futur Louis XIII dans un palais richement agrandi et embelli, véritable berceau de la dynastie royale des Bourbons.
Louis XIII va passer une enfance heureuse à Fontainebleau, rythmée par les parties de chasse, de paume et les cours de dessin de Martin Fréminet.
Pour Louis XIV, même après son installation à la cour à Versailles, Fontainebleau restera le château de chasse privilégié où il vient régulièrement chaque automne suivi d'une cour et d'une étiquette plus détendus pour le fameux « voyage à Fontainebleau ». Il fait aménager le Grand Parterre par André Le Nôtre et le petit pavillon à pans sur l'étang des Carpes par Louis Le Vau.
Le roi Louis XV, resté fidèle à la maison de ses ancêtres, partageait leur passion pour la chasse. Il inaugure chaque année à Fontainebleau la saison de la vennerie, des créations musicales, théâtrales, d'opéra et de tous les plaisirs. Fontainebleau est aussi le château de ses noces avec Marie Leczinska, célébrées dans la chapelle de la Sainte Trinité le 5 septembre 1725.
Selon Giacomo Casanova, découvrant les fastes et les joies lors d'un séjour royal : « Louis XV se faisait suivre par les comédiens français et italiens et par ses acteurs et actrices de l’Opéra. Pendant ces six semaines, Fontainebleau était beaucoup plus brillant que Versailles ».
Mais pour le règne de Louis XV Fontainebleau ne sera pas seulement le havre des tous les joies mais aussi la scène de tragédies familiales.
En décembre 1765 le Dauphin Louis, âgé de 36 ans souffrant de la tuberculose, s'est éteint à Fontainebleau le 20 décembre, dans son appartement de la cour Ovale. Celui qui aurait dû être Louis XVI laissait derrière lui trois fils, les futurs rois Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
Louis XVI et Marie-Antoinette font de Fontainebleau un havre de paix pour se soustraire de la vie de cour et du protocole de Versailles. Ils modernisent et agrandissent les petits appartements pour gagner en intimité. Des salles de bain, bibliothèques et deux boudoirs sont installés. La jeune reine vient fêter ses 22 ans à Fontainebleau en automne 1777 et découvre son nouveau boudoir turc, dans le goût orientaliste très en vogue, tranchant avec le décor pompeux et désuet des appartements à Versailles.
Pillé et vidé de son mobilier à la Révolution Française, le château n'est pourtant pas détruit et accueille l’école centrale de Seine-et-Marne, pour les jeunes de 12 à 18 ans.
Il sera ensuite remeublé et redressé avec le faste de l'Empire et érigé en palais impérial pour Napoléon I. L'empereur accueille le Pape Pie VII dans les anciens appartements des reines-mères et se fait aménager Petits et Grands appartements, pour les grandes réceptions et des événements plus intimes, comme la demande de divorce à Joséphine en 1809 ou encore l'annonce de la grossesse de Marie Louise l'année d'après. C'est à Fontainebleau qu'il va signer sa première abdication et partir en exil à l'île d'Elbe après avoir fait ses Adieux en avril 1814.
Après la Restauration Louis XVIII, Charles X retrouvent un château en parfait état suite aux nombreux aménagements et ameublements de celui qu'ils appellent l'Usurpateur, en disant que pendant leur absence le château a eu "un bon concierge..."
En symbole vivant du trône royal restauré, Fontainebleau a ainsi renoué avec son prestigieux passé de château de chasse.
Sous la Monarchie de Juillet le château est magnifié par le goût du romantisme des romans de Dumas et l'historicité. Le duc d'Orléan, devenu le nouveau roi constitutionnel Louis Philippe I, fait restaurer entièrement le château et célèbre ici le mariage de son fils aîné, Ferdinand Philippe et de la princesse Hélène de Mecklembourg Schwerin, le 30 mai 1837.
Cette œuvre collective de nombreux souverains sera achevée par le dernier Empereur, celui que l’on nomme le « Prince Président » : Napoléon III.
Avec l'Impératrice Eugénie il revient dans le palais impérial de son grand oncle, où il avait été baptisé en 1810 et refait vivre une vie de cour fastueuse lors de ces séjours d'été, les fameuses « Séries de Fontainebleau », comme celle des « Séries de Compiègne » en automne.
Les invités sont des artistes, scientifiques, philosophes, aristocrates, industriels, princes ou souverains étrangers. Le couple impérial y reçoit les Rothschild, Gustave Flaubert, Alexandre Dumas fils, les frères Pereire, Théophile Gautier, Prosper Mérimée, Gustave Doré, Eugène Delacroix, Giuseppe Verdi, le Baron Haussmann, Viollet-le-Duc, Charles Garnier, Louis Pasteur, Cuvier, Claude Bernard… mais aussi Guillaume 1er de Prusse, Louis II de Bavière, l’Empereur d’Autriche François-Joseph.
Un nouveau théâtre est inauguré au mois de mai 1857 lors de la visite du grand-duc Constantin de Russie, frère du tsar Alexandre II. La semaine suivante, l'Empereur fait donner une nouvelle pièce lors de la visite de Maximilien II de Bavière.
Chaque semaine, un train est affrété spécialement depuis Paris Gare de Lyon pour conduire une centaine de convives, ainsi que leur suite, jusqu’à Fontainebleau où ils sont logés dans des appartements aménagés selon leur rang.
Devenu Palais National sous la III République, Fontainebleau accueille en 1888 et presque chaque automne ensuite le président Sadi Carnot en visite de villégiature.
En 1914, à l’approche allemande, le château a été vidé de ses meubles, avant de devenir un hôpital militaire en 1915.
Pendant la guerre froide le palais de Fontainebleau devient en avril 1949, le premier siège de l’OTAN, scellant une alliance militaire entre les Etats-Unis et les pays d’Europe occidentale.
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: Le château de Fontainebleau est ouvert tous les jours, sauf les mardis, le 1e janvier, le 1e mai et le 25 décembre, de 9h30 à 18h d'avril à septembre, et de 9h30 à 17h d'octobre à mars.
: Gare de Lyon (grandes lignes), station Fontainebleau/ Avon puis bus ligne 1, arrêt Château.